L’affaire du soutien français aux génocidaires rwandais, une vidéo pour comprendre et ne pas oublier

Plutôt que de vous infliger la lecture fastidieuse de cette « affaire du soutien aux génocidaires rwandais », décidé par l’Elysée au nom de la France, je vous invite à regarder cette vidéo du Monde, remarquable de concision et de précision.
Tandis que certains s’emploient à rendre la plus opaque et incompréhensible possible cette tragédie, dans laquelle nous avons joué un rôle non négligeable, d’autres essayent de donner une vision claire des questions déjà résolues et de celles qui restent à éclaircir.

Vidéo du journal Le Monde, par Antoine Schirer


En effet, alors qu’en 2021 nous commémorons les 25 ans de la disparition de François Mitterrand, un homme politique qui a marqué l’histoire de la France sous de multiples aspects, détestés ou adulés, je ressens souvent ce goût amer de l’amnésie ou du déni, en particulier quand son fan-club oublie de parler de « cette affaire du soutien aux génocidaires rwandais ».

En France, il est désormais clairement établi qu’en 1994, a eu lieu le dernier génocide du XX° siècle, le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda qui a causé un million de morts. Certes, quelques négationnistes essayent encore d’en atténuer la gravité en développant leurs thèses nauséabondes de double génocide ou de déclenchement du génocide par les Tutsi eux-mêmes.
Mais en dehors de conspirationnistes déséquilibrés, parfois soutenus par des décideurs de l’époque qui aimeraient pour des raisons très personnelles faire disparaître cette question, le fait historique reconnu par l’ONU, celui du génocide contre les Tutsi, n’est plus contesté.
Il est même relativement connu désormais dans notre société, grâce aux efforts d’associations, de chercheurs, de journalistes, de juristes, d’enseignants et de personnalités qui œuvrent pour la mémoire de cet événement d’autant plus tragique que nous espérions qu’il ne pourrait, après la Shoah, plus jamais se reproduire.

Ce qui est moins connu en France est le rôle que notre propre pays – ou plutôt une poignée de décideurs – a joué dans ce génocide.
Aucune participation directe n’est heureusement à déplorer, mais les décisions prises à l’époque, en particulier par le président François Mitterrand (que son entourage direct comme Hubert Védrine ou l’amiral Jacques Lanxade ne pouvaient ignorer), font que la France peut malheureusement être accusée de complicité, pour avoir apporté un soutien totalement déplacé aux génocidaires.
Pour des raisons qui restent d’autant plus obscures qu’une partie des archives, de ce qui est pourtant présenté comme une intervention humanitaire, sont bouclées, la France a apporté une aide déterminante aux génocidaires : pendant les années de préparation de cette organisation, d’une rare sophistication, durant les événements mêmes en continuant notamment à livrer des armes, et enfin à la suite du génocide en soutenant la « résistance » que prétendaient mener ces nazis de l’Afrique des Grands Lacs.
En 2021, une commission réduite d’historiens, présidée par Vincent Duclert, est en charge de rapporter ce qu’ils auront trouvé dans les archives des Armées et que cette dernière aura soigneusement verrouillée

Alors pour ne pas oublier, je vous recommande cette courte vidéo d’Antoine Schirer. Elle résume les questions qui permettent de comprendre en quelques minutes pourquoi le rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi est d’abord une question de société. Elle interroge sur le contrôle démocratique de nos interventions militaires, elle met en cause l’honneur des militaires impliqués dans cette affaire, et elle ébranle notre propre capacité à reconnaître les faits et à honorer la mémoire des victimes d’un génocide que nous n’avons pas su empêcher.

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