Épuiser ceux qui osent questionner sur le rôle de la France au Rwanda. La folle stratégie du ministère des Armées.

Patrick de Saint-Exupéry a demandé à plusieurs intervenants de témoigner début décembre dans un procès où il était jugé en appel pour diffamation, sur l’accusation d’un ancien officier dont je connaissais surtout le rôle limité qu’il avait tenu au Rwanda, bien avant le génocide.
Dans l’ordre des témoignages, je suis venu à la cour d’appel rappeler combien l’intervention de la France au Rwanda peut questionner, dans la mesure où nous avons de fait soutenu, protégé et armé ceux qui ont commis le génocide contre les Tutsi au Rwanda, un million de morts.
Stéphane Audoin-Rouzeau est intervenu ensuite pour donner son analyse de grand historien sur une politique de la France qui n’a toujours pas été expliquée, et qui nécessiterait des travaux de recherche approfondis et autrement plus ouverts que ceux de la commission Duclert, pour comprendre comment de telles erreurs ont pu être commises et leurs responsables totalement impunis.
Enfin, Jean-François Dupaquier, journaliste expérimenté et spécialiste du Rwanda, est venu rappeler que nous étions en train de répondre au problème d’ego d’une personne qui n’a joué aucun rôle clef sur le sujet qui devrait, lui, nous interroger : le rôle de la France dans le dernier génocide du XX° siècle, le seul que nous aurions pu empêcher.

Une justice mobilisée par les attaques financées par le ministère des Armées

Des heures d’attente, un système judiciaire mobilisé sur ce sujet, et qui déroule sa procédure lente et précise.
Des avocats très occupés, des magistrats saturés, des greffiers fatigués, une énergie considérable passée à juger des faits qui, à la lumière de ces témoignages, apparaissent complètement dérisoires, surtout si on se rappelle qu’aucune procédure n’a encore été initiée, en 26 ans, contre les décisionnaires de cette époque.
Ceux-ci doivent dormir sur leurs deux oreilles, en attendant qu’on leur demande un jour des comptes.

Une procédure en diffamation parce qu’un ancien officier se sent « attaqué » d’avoir été associé à une politique « inavouable » de la France ? La loi le permet et ça ne se discute pas.
Cependant ce n’était pas UNE procédure, mais plutôt la trentième et unième en onze ans contre le même livre du même auteur, des appels innombrables et des pourvois en cassation systématiques : douze pourvois ont déjà été déposés sur cette même affaire.
Cela s’appelle de l’acharnement judiciaire et ce n’est pas à la Justice qu’il faut le reprocher, mais aux commanditaires de ces attaques, qui visent de la même manière tous ceux qui osent questionner le rôle de la France au Rwanda.
Mais ces commanditaires peuvent s’acharner ainsi dans ces procédures judiciaires seulement parce que le ministère des Armées finance leurs attaques sans aucune restriction, ni limites. Bien au contraire, il les incite à épuiser par ces recours systématiques tout ce que la machine judiciaire peut offrir en procédures contradictoires.

Et donc par nos impôts

Et ce sont les citoyens français qui paient cette stratégie d’épuisement, cet acharnement contre ceux qui osent questionner en France sur le Rwanda, dont Patrick de Saint-Exupéry est emblématique.
C’est bien l’argent du contribuable qui permet au budget de la « Défense » de dépenser sans compter, pour épuiser ceux qui veulent connaître la vérité au sujet de la pire intervention extérieure de la France depuis un demi-siècle.
C’est d’ailleurs le même ministère qui a bouclé la plupart des archives d’une intervention militaire, pourtant présentée comme « humanitaire ».
Et c’est une ministre, Florence Parly, qui assume aujourd’hui de mettre les moyens de l’Etat français à la disposition d’un combat contre la liberté d’expression et le droit à l’information. Peut-être qu’elle estime être ainsi en cohérence avec Gérald Darmanin, ce ministre de l’Insécurité qui veut à tout prix « défendre » nos libertés alors qu’il est incapable de les respecter ?

Si vous trouvez anormal que vos impôts et l’argent public puissent servir à attaquer ceux qui osent informer, questionner et débattre, diffusez cet article autour de vous.
La démocratie n’est pas un vain mot et il nous appartient de la défendre.

4 commentaires sur “Épuiser ceux qui osent questionner sur le rôle de la France au Rwanda. La folle stratégie du ministère des Armées.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.