Pourquoi Julie d’Andurain n’a plus sa place dans la commission d’histoire sur le Rwanda

Lettre aux historiens et chercheurs qui ont été sollicités pour apporter leur soutien à Julie d’Andurain

Bonjour,

J’ai mis en cause Julie d’Andurain, ou plutôt sa participation à la commission d’histoire sur le Rwanda, présidée par Vincent Duclert. Ce n’est pas une « attaque agressive ou haineuse », comme cela vous a été communiqué, mais l’expression de ma colère.
J’ai en effet découvert récemment qu’elle avait publié des propos qui sont basés sur des thèses révisionnistes, où les Tutsi deviennent les bourreaux de leur propre génocide et l’intervention de la France une simple opération humanitaire… 

Dictionnaire des opérations extérieures de l’armée française, Ed. Nouveau Monde, 2018

Elle a repris intégralement les thèses défendues par un des principaux mis en cause dans cette question du rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi, Hubert Védrine, en l’absence de toute précaution et de la moindre source contradictoire. 
Et pour cause, lorsque j’ai été auditionné par la commission comme acteur de l’opération militaire  Turquoise de 1994 – j’étais alors un officier de la Force d’Action Rapide –, Julie d’Andurain n’a pas souhaité m’écouter, mettant en doute  mon témoignage sans l’avoir jamais entendu…

Pour une chercheuse en histoire, cette manière de procéder m’avait interrogé, mais ses publications récentes m’ont éclairé.  
Alors que des historiens investis sur le sujet, comme Stéphane Audoin-Rouzeau ou Hélène Dumas, ont été écartés de cette commission sur le Rwanda « du fait de leur engagement sur la question », il me semble que Julie d’Andurain n’a désormais plus sa place dans cette commission. C’est la question que j’ai portée au président de la commission :
https://nepassubir.home.blog/2020/11/01/lettre-ouverte-au-president-de-la-commission-dhistoriens-sur-le-rwanda/

Mais je vous laisse le soin d’en juger par vous-même. 

Cordialement ,
Guillaume ANCEL
Ex Lieutenant-colonel de l’armée française et vétéran de l’opération Turquoise au Rwanda

ÉPILOGUE ?
Trois associations d’historiens qui avaient imprudemment apporté leur soutien à Julie d’Andurain, début novembre, se sont rétractées lorsqu’elles ont découvert les publications de cette dernière sur le Rwanda, l’anti-thèse même des fondements de leur exigeante discipline. 
Saluons la dignité de leurs réactions quand elles auraient pu sombrer dans un corporatisme déplacé.


LETTRE DE L’ASSOCIATION DES HISTORIENS MODERNISTES DES UNIVERSITÉS FRANÇAISES AHMUF
Chères collègues, chers collègues,

Le 6 novembre 2020, le Bureau de l’AHMUF, à la majorité de ses membres, s’est associé à un message de soutien à Mme Julie d’Andurain, à l’invitation de l’Association des historiens contemporanéistes de l’enseignement supérieur et de la recherche (AHCESR).

Le Bureau de l’AHMUF rappelle qu’il s’agissait pour lui de souligner que le débat scientifique doit « s’interdire les anathèmes, les invectives ou les attaques personnelles ».

Il n’était aucunement question de prendre position sur le fond des travaux de Mme d’Andurain (notamment la notice « Turquoise (Rwanda) » du Dictionnaire des opérations extérieures de l’armée française), ou sur les activités du comité présidé par Vincent Duclert.

Le Bureau de l’AHCESR a diffusé le 12 novembre un communiqué désavouant le soutien qu’il avait apporté à Mme d’Andurain et précisant qu’il n’entendait pas souscrire aux analyses présentées par Mme d’Andurain dans la notice susmentionnée. Le Bureau de l’AHCESR a par ailleurs présenté sa démission collective.

Le Bureau de l’AHMUF exprime ses très vifs regrets d’avoir pu imprudemment laisser penser que son message était une prise de position en faveur de déclarations négationnistes auxquelles il ne souscrit en aucune manière.

En aucun cas, le Bureau de l’AHMUF ne saurait cautionner le moindre propos négationniste ou révisionniste. Il tient par ailleurs à rappeler son attachement aux principes fondamentaux d’une recherche libre et critique, et à des formes sereines de débat historique.

Le Bureau de l’AHMUF, réuni le 13 novembre 2020 à 10h30

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